Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/251

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breux hommages : elle les repoussait tous ou s’y dérobait.

Alphonse même, qui était toujours le premier sur les rangs, que les refus ne rebutaient pas, qui pouvait se prévaloir au moins de l’attachement de l’habitude, n’était pas plus heureux. Alphonse était pourtant le choix conseillé par Félicien. Cette circonstance aurait dû le servir : elle lui fut défavorable. C’était à lui que Cécile faisait porter involontairement la peine des déceptions de son amour-propre. Enfin, elle ne cherchait pas l’oubli de l’amour dans le mariage, parce qu’elle appartenait à cette classe d’individus, en quelque sorte impropres à la vie, qui préfèrent à l’aliment qui soutient l’existence le poison qui entretient le rêve.

L’application constante de sa pensée à un amour stérile énerva bientôt ses forces : elle tomba dans un état de langueur alarmant. Elle fut poursuivie par une de ces maladies indéfinissables qui affectent toutes les formes et qui, sous leurs métamorphosés multipliées, échappent sans cesse à l’action de la science. Les médecins, comme ils font d’ordinaire en circonstance semblable, lui conseillèrent les distractions, les voyages. Mathilde, qui se faisait vieillotte et