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surtout nonchalante, n’accueillit point avec zèle une prescription qui menaçait de troubler son repos. D’ailleurs, elle connaissait mieux que toute la Faculté la véritable cause du mal de Cécile. Elle demanda si l’air natal ne serait point aussi un remède. Ayant obtenu une réponse affirmative, elle s’arrêta au projet d’aller s’établir à Rouen. Elle donna à cette résolution un prétexte plausible : c’est que ses intérêts de propriétaire réclamaient son séjour en Normandie. Elle avait à traiter pour des maisons frappées d’expropriation ; puis il lui fallait donner son avis sur des réparations ou des constructions nouvelles, rédiger des baux, etc.

Cécile résista d’abord au désir de sa tante, ou plutôt elle demanda grâce, en confessant son secret. Devait-elle s’offrir encore à toutes les tortures de la passion ? Irait-elle s’exposer à trahir de nouveau sa faiblesse devant celui dont la vertu l’avait ménagée ? L’épouvante qu’elle ressentait à cette pensée était touchante par son exagération même : elle redoutait Félicien comme sa conscience, comme son Dieu !

Madame de Nerville s’efforça de la rassurer, en lui persuadant que cette exaltation si dangereuse allait tomber quand elle verrait Féli-