Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sins. Une seule lampe était allumée, qui, recouverte d’un abat-jour vert, donnait une lumière discrète. Il n’y avait dans le salon, outre madame Milbert et les voyageurs, qu’Adrienne et l’aimable vieille dame aux boucles grises, que l’on appelait madame Caron ; on attendait Félicien. Il était absent depuis deux jours. Il arriva vers neuf heures, revenant de la campagne. Chaque fois que la porte de la rue s’était ouverte, Cécile avait écouté avec tant d’appréhension, elle était si étourdie par les battements de son cœur, qu’elle n’entendit point les pas de Félicien. Quand il entra, elle eut tout le trouble de la surprise.

Ces grandes attentes trompent toujours. Averti du projet de ces dames, sans être prévenu de leur arrivée, Félicien, s’il ressentit quelque émotion de leur présence, sut la dominer. Il s’informa de ce qui les concernait avec un intérêt d’une sincérité si calme que Cécile, frappée de ce contraste avec ses agitations et ses terreurs, s’en fit un nouveau sujet de reproche.

Plusieurs fois, pendant la soirée, elle interrogea l’expression de son visage, mais elle n’y put lire ni un encouragement ni une désappro-