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bation : elle crut pourtant que le pli inquiet formé à son front se creusait plus profondément.

Enfin, Félicien s’approcha d’elle et lui demanda si ce séjour en province était de son choix. Ne faisait-elle qu’un acte de complaisance ? N’avait-elle pas senti, au départ, qu’elle laissait après elle et qu’elle emportait aussi des regrets trop vifs ?

Elle dit qu’elle regrettait l’amitié de M. Morand, mais que, décidée à ôter à jamais l’espérance à son amour, elle regardait leur séparation momentanée comme un moyen de rompre la fréquence de leurs relations.

— Vous n’avez donc pu vous contenter du bonheur d’être aimée ?

— C’est un bonheur dont on ne s’aperçoit que lorsqu’on aime soi-même.

Félicien ne répondit pas et s’écarta ; mais le lendemain, à déjeuner, il trouva Cécile à sa table avec madame de Nerville. Le jour suivant, madame Milbert donna un grand dîner en l’honneur de ces dames : on échangea des visites ; on ne se quittait plus.

L’abandon de Cécile était un piége continuel ; avec elle, toutes les conversations tour-