Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/256

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naient à la confiance ou à l’enthousiasme. Quelques jours s’étaient à peine écoulés que Félicien n’était déjà plus taciturne ; mais il continuait à s’efforcer de revêtir ses sentiments d’une discrétion impénétrable.

Cependant, quand il passait une soirée sans se ménager avec Cécile un instant d’entretien particulier ou sans dire quelques mots à son intention spéciale, il apercevait dans ses regards une inquiétude involontaire : avec moins d’impatience, elle aurait eu de l’ennui. Mais, s’il venait à elle, tout était oublié : le visage de la jeune femme s’éclairait subitement ; elle sortait de sa rêverie avec un redoublement d’amabilité qui profitait à la réunion de madame Milbert.

Quand elle était chez Félicien, c’était encore à moins de frais qu’elle était heureuse et qu’elle le paraissait. Là, tout était lui. Elle ne cherchait même plus alors à recueillir ses regards et ses paroles, tellement elle se sentait pénétrée de sa présence. Elle s’en tenait à ces communications secrètes que lui apportaient tous les objets. Sur la vie qui se déroulait dans son intérieur, elle apercevait un doux chatoiement de couleurs harmonieuses et brillantes : c’était