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la broderie qu’y jetait la fantaisie de son amour. Cette magique ouvrière changeait une trame sombre et monotone en un tissu varié par les plus attachantes merveilles de sentiment.

Madame Milbert ne changea point ses habitudes de réception ; mais, pour voir plus souvent ces dames, à côté des grandes réunions, elle en eut de moins nombreuses, qui prirent un caractère d’intimité que les premières n’avaient jamais eu. Par la même cause aussi, Félicien recevait plus fréquemment chez lui les parents de sa femme. Madame de Nerville, qui habitait maintenant une villa dans le quartier nord de la ville, ne manqua pas non plus de rendre à ses amis leur hospitalité.

Tous les prétextes étaient bons pour se réunir : on inventait des occasions de promenade, des parties ; on mettait à profit chacune de ces solennités insignifiantes par lesquelles les provinciaux trompent leur ennui. Pour rien au monde, on ne se fût dispensé d’une exposition, d’un concert, voire même d’une séance académique. Quelquefois on allait au spectacle, quand le permettaient les scrupules d’Adrienne, que madame de Nerville avait l’art d’endormir.