Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/282

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ment favorable à ce projet d’alliance. Une jeune veuve, attrayante comme Cécile, était un personnage exceptionnel et inquiétant : on avait hâte de la ranger sous la loi commune. Il pouvait arriver cependant que, par suite de ce mariage, Adrienne fût complètement privée de l’héritage de son oncle. Cette éventualité n’était à craindre que si les futurs époux avaient un jour des enfants ; car, aux ouvertures qu’on lui avait faites sur ce sujet, Cécile, avec un peu de fierté blessée, avait répondu : que sa fortune lui avait suffi jusqu’alors, et que quelque mari qu’elle prît, elle ne déposséderait jamais la famille dans laquelle elle entrerait.

— Je n’en demande pas tant, avait répliqué madame Milbert, à qui on rapportait ce propos : que Cécile traite Adrienne en sœur, et je la tiendrai pour généreuse.

Madame de Nerville seule était entièrement hostile à M. Delaroque. Elle avait pressenti qu’en épousant la nièce, il ne prétendait point se charger de la tante. Or, elle ne pouvait admettre la pensée de se séparer de Cécile. En partageant sa vie, elle partageait aussi la jeunesse impressionnable qui l’animait ; elle oubliait, auprès de cette fraîcheur charmante