Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Félicien. L’aboutissant de toutes ses longues réflexions était que M. Delaroque possédait toutes les qualités de l’homme du monde, mais qu’il poussait trop loin le soin des recherches matérielles ; qu’il avait un excellent cœur, une sensibilité vraie, mais qu’il était dépourvu de cette élévation d’idées, de ce sérieux d’âme qu’elle reconnaissait indispensable pour attirer son amour. Il n’est pas malaisé de deviner quel rapprochement était au fond de cette conclusion.

Les doutes, les anxiétés avec lesquels madame de Nerville et M. Delaroque même attendaient la réponse de Cécile n’étaient pas comparables à ceux de Félicien. Ce n’était plus transitoirement, mais avec profondeur et réalité, qu’il était redevenu l’homme de sa jeunesse, celui qui avait vu les horizons de son âme se développer dans des passions sans limites. Mais avec quel étonnement il considérait ce qu’il avait été pendant ces dernières années : borné, abstrait, aride ! Il se faisait pitié.

Notre être ne vit pas constamment dans toute sa plénitude : lorsque quelques-unes de nos facultés sont fortement tendues vers un