Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/290

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Malmont, vous savez que je vais être obligée de quitter Rouen.

— C’est impossible ! s’écria Félicien ; il faut que je parle longuement à Cécile… en sécurité. Je vous en supplie, avertissez-moi de son retour. Pourrai-je la voir ici ?

— Ici… c’est difficile. Je veux bien m’absenter pour vous abandonner la place, mais je ne peux interdire ma porte : je ne suis pas sûre de n’être pas espionnée par mes domestiques.

— Que d’obstacles dans l’amour ! Et pourtant Cécile m’accuse !

— Dans l’amour !… c’est donc ainsi que vous l’aimez ?

— Ne feignez pas la surprise, vous le savez depuis longtemps.

— Avant vous, peut-être. Mais vous craignez que Cécile ne vous accuse ; elle en a bien quelque motif. Les femmes sont étranges, d’ailleurs : elles veulent inspirer l’estime, et elles ne pardonnent pas à l’homme qu’elles aiment lorsqu’il…

— Lorsqu’il n’exige point les preuves de cet amour, n’est-ce pas ?

— Oh ! c’est une interprétation trop libre de ma pensée : lorsqu’il ne sait pas allier les timi-