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tence. Elle prenait en pitié tant d’êtres infimes, attachés à la terre par des intérêts mesquins, des passions sordides ou des sentiments impuissants. Tandis qu’elle parcourait les sentiers qui conduisaient au jardin où Félicien l’attendait, elle regardait des vieillards qui cherchaient le soleil, des petits enfants qui s’absorbaient dans leurs jeux ; elle était tentée de les plaindre. Ceux-ci ne connaissaient pas encore le secret de la vie : ceux-là l’avaient oublié.

Au moment d’entrer, par excès de bonheur peut-être, elle sentit l’appréhension se réveiller dans son cœur ; mais elle se rassura vite : la destinée ne pouvait lui arracher au moins les heures d’amour qui l’attendaient là.

Adrienne et Félicien avaient précédé Cécile. Adrienne était entrée la première. Elle s’était cachée dans un cabinet où l’on déposait les arbustes qui n’avaient pu trouver place dans la serre. Cette petite pièce communiquant par deux portes vitrées avec le jardin et avec le salon, on pouvait y voir facilement ce qui se passait à l’intérieur et au dehors.

Félicien arriva bientôt : il entrait avec l’aisance de quelqu’un qui se sent chez soi. Au