Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/328

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de la jalousie y avait mûri. Elle n’était plus seule à être aimée, elle le savait ! Il fallait maintenant entrer en partage avec Adrienne. Quelles terribles incertitudes cette situation allait lui créer ! Jusqu’à quel point entrerait-elle en balance avec sa rivale ? Était-ce le culte de son amant pour elle qui le ramenait à ses pieds ? N’était-ce pas l’effort de sa compassion ? Et quand elle s’abandonnerait à l’élan de son propre amour, ne viendrait-elle pas se heurter contre ce nouveau sentiment qui veillait dans le cœur de Félicien comme un ennemi armé contre elle ?

Mais elle trouvait encore une autre cause de tourment dans un scrupule plus délicat. Lorsque Félicien n’éprouvait que de la froideur pour Adrienne, Cécile en l’aimant ne se trouvait qu’à demi coupable ; mais chercher à surprendre sans cesse, à attirer à soi un amour que la conscience de votre amant vous dénie, et qui est à chaque instant près de vous échapper pour suivre la pente légitime où le devoir l’appelle, quelle noire action ! quelle trame ténébreuse !

Félicien s’efforçait de calmer à la fois sa jalousie et ses scrupules, en lui affirmant que