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l’amour qu’il avait pour elle et l’affection protectrice qu’il donnait à Adrienne étaient deux sentiments si différents qu’ils ne souffraient point de leur rapprochement. Mais quoique en cela il fût sincère, il voyait trop clairement cependant que des obstacles matériels le forceraient souvent d’étouffer l’une ou l’autre inspiration de son cœur. Il était impossible maintenant de songer à réunir Adrienne et Cécile, à renouer aucune liaison entre elles. L’amour des deux amants pouvait tout au plus se promettre quelques heures de bonheur après de longs jours d’absence. Le dévouement de Cécile n’eût pas reculé devant ces conditions pénibles ; mais sa timidité ou sa pudeur l’empêchèrent de déclarer de son propre mouvement qu’elle était prête à acheter l’amour à un prix si onéreux, et Félicien n’osa pas lui demander d’accomplir ce sacrifice, parce qu’il n’y entrait point en partage égal et qu’il n’avait rien à lui offrir en échange.

Ainsi, tout ce qu’ils avaient espéré de ce renouvellement d’intimité leur manquait : les premières heures de leur réunion avaient été données à l’expression de leur souffrance ; les derniers moments furent abandonnés au morne