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parcoururent les détours de la vallée d’Andelle. À chaque pas, ils trouvaient une amorce pour leur curiosité. Ils s’extasiaient sur les accidents du paysage, sur la grâce des chaumières, sur les restes de constructions antiques conservés dans les murs qui bordaient la route ou dans les porches des maisons. Ils admiraient les églises vieilles de sept siècles, avec lesquelles s’efforçaient de rivaliser les récentes constructions des archéologues.

Chemin faisant, ils rencontrèrent une voiture du pays qui les transporta jusqu’à Radepont, où se trouvent un château et un parc d’une splendeur royale. Le grondement des eaux, fortes comme des torrents, l’éblouissement produit par leur limpidité, l’éclat de la verdure printanière, adouci par les larges ombres des nuages qui glissaient sur les prairies, les cascades rougissantes que formaient les grands bois couverts de bourgeons, qui du sommet des collines s’épanchaient dans les vallées, les émanations humides et chaudes qui s’élevaient du sol et apportaient à l’homme, comme à la plante, une langueur voluptueuse, tout cela les saisissait, les pénétrait, leur causait un vertige plein d’ivresse. La fatigue, qui