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commençait à tarir leurs paroles, avait d’amollissantes douceurs, et le repos leur semblait bon, assis sur la mousse, l’un près de l’autre. Ils dînèrent au déclin du jour. Mais ils avaient laissé passer l’heure des voitures publiques et du retour au chemin de fer. Il leur fallut revenir sur leurs pas jusqu’à Romilly pour se procurer un moyen de transport.

Romilly, qui possède une importante fonderie de métaux et plusieurs manufactures de coton, est un petit centre industriel. Là les maisons se pressent sous les arbres qui, multipliés eux-mêmes pour les besoins de chaque famille, couvrent le village d’une large tente, que la floraison des pommiers faisait alors blanche et rosée.

Pendant que Félicien louait une voiture et un cheval, Adrienne regardait quelques jeunes ouvrières qui sortaient de leurs chaumières, empressées d’aller au bal dont on entendait les appels lointains.

Un amoureux marchait toujours à leur suite, et les paroles s’échangeaient encore moins vite entre eux que les coups d’œil tendres et provocants. Quelques couples plus hardis s’arrêtaient à l’ombre des arbres ou des haies pour