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se donner un baiser. C’étaient des idylles à réjouir les poëtes d’Auguste. Adrienne fut scandalisée et baissa son voile. Cependant, quand elle prit place dans la voiture auprès de son mari qui la soutenait dans ses bras, pendant que le conducteur cherchait à modérer l’élan trop vif du cheval, elle se sentit pour sa tendresse plus de complaisance qu’elle n’en avait encore eu jusqu’alors.

Un heureux concours de circonstances avait rendu ce premier essai d’intimité très-agréable à Félicien. Mais ce sont des chances exceptionnelles qui ne se renouvellent pas entre personnes que ne rapproche point une vraie sympathie.

Les deux époux possédaient à dix lieues de Rouen une terre et un château qui constituaient la partie la plus importante de la dot d’Adrienne. Quelques travaux projetés servirent à Félicien à prétexter la nécessité d’un voyage qu’il annonça pour le dimanche suivant. Tout en s’effrayant de cette proposition, Adrienne céda au désir de son mari, c’est-à-dire qu’elle alla trouver sa mère afin de l’avertir qu’ils manqueraient encore à la prochaine réunion.

— Mais pourquoi ne choisit-il pas un autre