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nouveauté aux yeux des deux époux, et n’ayant rien à se communiquer, ils restaient confinés chacun dans leurs réflexions. On arriva à destination avant la messe du village. Adrienne, pressée de s’y rendre, se contenta d’avaler un bol de lait et laissa Félicien déjeuner seul.

Au sortir de l’église, tous les villageois et villageoises qui avaient quelques rapports avec le château, et c’était le plus grand nombre, vinrent saluer la jeune femme et lui demander des nouvelles de madame Milbert.

En passant cette revue, Adrienne se trouva comme humiliée d’être seule et que son mari ne l’eût point accompagnée à l’église. Il résulta de sa préoccupation, qu’elle éprouva quelque embarras pour répondre à ces politesses. Elle s’attendrit tout bas en pensant que sa mère savait bien mieux qu’elle parler à ces pauvres gens, et qu’elle lui rendait agréable leur empressement, qui était aujourd’hui une gêne.

Madame Milbert, en effet, s’était toujours efforcée d’animer tout ce qui l’entourait, et, afin que sa fille n’essayât jamais de se soustraire à son ascendant, elle s’était imposé la tâche de la distraire et de l’amuser sans cesse.

En entretenant ainsi dans Adrienne une cer-