Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/83

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taine légèreté d’humeur, elle lui avait donné une frivolité superficielle sur un fonds naturel d’obstination et d’inflexibilité.

Il fut décidé que l’on dînerait de bonne heure, car Adrienne espérait que l’on reviendrait encore assez à temps pour aller passer une partie de la soirée chez sa mère. Mais entre la messe et les vêpres, auxquelles elle devait assister avant le dîner, les deux époux avaient quelques heures de loisir. Pour les dépenser, ils allèrent se promener et s’asseoir sous une futaie qui entourait le château. La journée était aussi belle que le dimanche précédent. À la vérité, ils n’avaient pas sous les yeux un aspect aussi splendide. Rien qu’une route déserte et sablonneuse qu’égayaient ses marges de gazon ; au delà, un petit vallon labouré et des bois taillis sur la colline opposée. Mais le jeu des lignes de la vallée était gracieux, et il régnait à cette heure dans la campagne une si grande paix, que l’âme s’en trouvait toute reposée.

Félicien, qui ne partageait pas les mauvaises dispositions de sa femme, se laissait aller à une douce méditation ; bientôt il en vint à penser tout haut. En présence de cette nature pai-