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sible, ses idées planaient facilement sur l’immensité. Il toucha, sans le vouloir, à tous les grands problèmes que comportent l’essence divine et la destinée humaine.

Adrienne l’écoutait avec un profond étonnement, car aucune des conjectures qu’il formait ne s’appuyait sur le dogme : elles lui étaient fournies par ses propres instincts et par les données de la science. Ce qui achevait de la confondre, c’était la forme problématique sous laquelle il les présentait. N’étant pas capable de distinguer le doute philosophique de la négation, elle trouvait aussi d’autant plus incompréhensibles les sentiments qui découlaient de ces idées.

Comment pouvait-il, par exemple, concilier une admiration si vive des merveilles de la création avec une perception si effrayante de ses redoutables nécessités ? Comment tant d’incertitude sur les fins dernières de l’homme, avec tant de confiance et d’abandon envers Celui qui préside aux destinées de l’univers ? Où avait-il puisé surtout ce haut désintéressement de l’âme qui lui fait accepter tous les sacrifices de sa mission terrestre, lors même qu’elle n’a qu’une assurance si chancelante des