Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/86

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un homme nouveau, elle sentait pour ou contre lui dans son cœur des mouvements énergiques dont elle n’avait jamais été agitée. Le tumulte de ses pensées était si grand, qu’il lui semblait que son âme allait lui échapper dans ce tourbillon funeste. Elle n’était pas habituée à ces luttes intérieures : la lassitude et la souffrance lui arrachèrent des larmes.

Dès qu’elle entendit Félicien, elle se hâta de dissimuler les traces de son émotion. En arrivant à Rouen, elle insista si fortement pour aller chez madame Milbert, que, malgré l’heure avancée de la soirée, son mari ne put refuser de l’y conduire.

Quand elle revit ses amis, sa mère, quand elle se retrouva dans cette société qui lui paraissait si imposante par l’accord des idées de ceux qui la composaient, elle sentit un apaisement subit. Son âme raffermie retrouva aussi sa sérénité ; mais alors elle se promit formellement que jamais Félicien ne la ferait changer ni de croyances, ni de principes, ni même d’habitudes de vie.

Sans soupçonner ce qui s’était passé dans l’esprit d’Adrienne, Félicien comprit qu’il ne fallait pas recommencer de sitôt ces tentatives