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Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/135

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GILLES DE RAIS.

semble, et certains comptes de la ville d’Orléans[1], qui fournissent les détails des représentations marqués par le mystère, et la nature du drame lui-même, où la vanité chatouilleuse de Gilles se trouvait délicatement touchée. Cette œuvre glorifiait un fait d’armes, où il avait achevé sa réputation et sa fortune militaire : une partie des sommes énormes, qu’il dépensa dans Orléans, ne fut-elle pas destinée à la représentation d’un si grand événement ? Que penser et de la bannière et de cet étendard, qui lui avaient appartenu et qui furent rachetés pour le compte de la ville ? N’était-ce point un souvenir de 1429, la bannière de Rais lui-même, l’étendard historique qui lui avait servi pendant le siège, qu’il avait conservé pour le faire figurer dans le tableau de la prise des Tourelles, et qu’on jugea à propos de racheter pour le même usage ? Ces objets lui avaient-ils servi à lui-même dans la représentation de ce drame, puisqu’ils « furent à Monseigneur de Reys pour faire la manière de l’assaut comment les Tourelles furent prinses sur les Anglais »  [2] ? Conjectures assurément, mais conjectures rendues bien vraisemblables par la demi-clarté des textes.

Elles se présentent si naturellement à l’esprit que M. A. Guéraud, parlant du séjour de Gilles de Rais à Orléans, n’a point hésité à écrire ces paroles : « Il y fit représenter, sur la place publique, avec plus de magnificence, qu’on n’en a déployé à l’entrée de Charles VII, à Paris, les grands mystères représentant le siège d’Orléans, avec personnages sans nombre. » Et sur ces mots, l’auteur de la notice ajoute : « Une curieuse recherche à faire serait de vérifier si le texte du Mystère, qui se trouve au Vatican, ne contient pas d’allusions au maréchal, et ne serait pas, en conséquence, la reproduction de celui qu’il fit jouer[3]. » Plus

  1. M. Boucher de Molandon a fait dernièrement une copie de ces comptes si curieux, dans la crainte qu’un incendie ne vienne à les détruire.
  2. Extrait des comptes de la ville d’Orléans, cité par MM. Guessard et de Certain dans la Préface du Mystère.
  3. Ar. Guéraud, Notice sur Gilles de Rais.