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SA FAMILLE.

rency-Laval, colle de Machecoul et celle de Craon. L’antique maison de Rais, à diverses époques, s’était elle-même alliée à la maison de Machecoul et à celle de Montmorency-Laval. Elle tenait à la première, dès le XIIIe siècle, par le mariage d’Eustache Chabot, fille de Chabot Ier, seigneur de Rais, avec Gérard de Machecoul ; à la seconde, au XIVe siècle, par le mariage de Jeanne Chabot, surnommée la Folle, petite-fille de Gérard Chabot III, seigneur de Rais, et de Marie de Parthenay, avec Foulques de Laval[1].

En 1400, la dernière héritière de la famille de Rais, Jeanne la Sage (1331-1406), allait mourir sans héritiers, lorsqu’elle songea à se donner un successeur, qui non-seulement héritât de ses biens, mais prît encore ses armes et perpétuât le nom de ses ancêtres. Ses yeux se portèrent sur l’un de ses arrière-cousins, descendant des Montmorency-Laval, Guy II, chevalier, seigneur de Blaison et de Chemellier, père du trop célèbre Gilles de Rais. Tout naturel qu’il parût, ce choix offrait cependant une grave difficulté : Guy de Laval, en effet, ne pouvait pas hériter de Jeanne la Sage ; car une exhédération, dont avait été frappée Jeanne la Folle à cause de son mariage avec Jean de la Musse-Pont-Hüe, atteignait toute sa descendance et rejetait Guy de Laval hors de la succession des seigneurs de Rais. Seule, une institution spéciale, faite en sa faveur par la dernière descendante de l’antique maison, pouvait le faire rentrer dans la possession de son droit perdu : Jeanne la Sage lui donna cette preuve d’affection. En 1400, elle l’établit solennellement son héritier, à la seule condition qu’il abandonnât pour lui et ses descendants le nom et les armes de Laval, pour prendre les armes et le nom de Rais. Dans le cas où Guy de Laval n’eût pas accepté cette clause, elle lui substituait par le même acte Jean de Craon, fils de Catherine ou Marguerite de Machecoul et de Pierre de Craon. Comme bien on pense, Guy de Laval n’eut garde de refuser une succession qui quadruplait sa fortune : il souscrivit à la

  1. Voir la généalogie de Gilles, aux Pièces justificatives.