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APRÈS LA MORT.

mal[1]. » Remarquez que le bon d’Argentré vient d’affirmer comme vérités deux erreurs historiques manifestes ; mais qu’importe ? il faut convenir qu’il a bien établi la distinction qui existe entre Gilles de Bretagne et Gilles de Rais, et qu’après une déclaration si ferme, celui qui les confondrait encore serait inexcusable et mériterait avec raison d’être mis au nombre de ces gens, « qui ne doutent de rien et qui assurent souvent ce qu’ils savent fort mal. »

Tel fut Gilles de Rais, maréchal de France, conseiller de Charles VII, lieutenant général des armées de Bretagne. Un historien contemporain a dit de lui : « Le domage fut en la dépravation de son esprit : car il était homme d’entendement, belle personne et de belle façon, de grand bien et riche entre les plus, ayant de belles maisons, et de sa personne était vaillant, bon et hardy capitaine, et qui par sa valeur était devenu maréchal de France[2]. » Du Paz, dans son Dictionnaire des hommes illustres de Bretagne, rapporte aussi que « de sa personne il était vaillant, bon et hardy capitaine, comme dit est. Il était belle personne et de belle façon, de grand bien et noble extraction et riche entre les plus, ayant de belles maisons, terres et seigneuries, comme le discours précédent le faict voir. Estait homme d’un grand esprit et d’un bon entendement ; mais il se laissa dépraver par curiosité ». « Il avait de l’esprit, mais beaucoup d’orgueil, raconte Dom Lobineau. Il était puissant par sa naissance, et avait avec cela quelque teinture des lettres et de la religion[3]. » — « Encore enfant, dit Armand Guéraud, il prit les allures d’un homme et devint avant l’âge un véritable héros » ; et citant Villaret[4] ajoute ces détails qui concordent avec ceux de Du Paz et de Monstrelet : « Une taille majestueuse, une figure séduisante, rehaussaient l’éclat de sa valeur. » — « C’était un beau jeune homme, dit enfin Vallet de Viriville

  1. D’Argentré, in-folio, p. 790.
  2. D’Argentré, l. c., p. 795.
  3. D. Lobineau, p. 219.
  4. Hist. de France, t. XV.