Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/420

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
LES HISTORIENS.

C’est déjà quelque chose que ce témoignage d’écrivains étrangers à la patrie bretonne ; mais combien il emprunte de force à l’autorité des historiens de la Bretagne, de l’Anjou et de la Vendée ! Tous, hormis deux ou trois dont nous apprécierons bientôt les raisons, s’accordent à dire que le Barbe-Bleue du conte et de la légende fut un seigneur breton, quel qu’il soit pour chacun d’eux. C’est Collin de Plancy, dont M. Ch. Giraud adopte l’opinion, et qui prétend que le conte de Barbe-Bleue est une vieille tradition de la Basse-Bretagne, et le héros, un seigneur de la maison de Beaumanoir. Voici Cambry, qui assure, dans son Voyage du Finistère[1], que la Bretagne revendique sur Ma Mère l’Oye[2] et sur Perrault les contes de Barbe-Bleue, du Chat-Botté, du Marquis de Carabas et même du Petit-Poucet. En voici, qui, manifestement troublés par une tradition constante, bourdonnant sans cesse à leurs oreilles, lui cherchent une origine bretonne dans la légende de sainte Triphine. En voici d’autres encore, et ceux-là sont en foule, qui nomment Gilles de Rais, dont la famille fut alliée à celle des Beaumanoir du Maine[3]. Michelet assure même que, pour l’honneur de sa famille, on a substitué à son nom celui du partisan anglais Blue-Beard. M. Mourain de Sourdeval, résumant dans son affirmation à la fois tous les auteurs bretons et attestant sa propre croyance, assure « qu’il a laissé sous le nom de Barbe-Bleue, dans le pays de Rais et même bien au delà, un prestige de terreur que quatre siècles n’ont pas suffi pour effacer. » C’est d’après de telles autorités que M.  Wallon, quoique étranger à la Bretagne, a dit lui-même : « Il fut le type de Barbe-Bleue ; mais la fiction n’approche pas de la réalité ; le conte est fort au-dessous de l’histoire. » Dans ces témoignages on a entendu Richer, Daru, Roujoux, Bonnelier, Mellinet, Massé-Isidore, Leboyer, Verger, Pitre-Chevalier, Loudun, Chapplain, Chevas, la Mosaïque de l’Ouest, et toute une foule de publi-

  1. P. 155 ; Éd. Souvestre ; Brest. 1835.
  2. Il prend Ma mère l’Oye pour un auteur.
  3. Abel Hugo, France pittoresque. 1885. in-4o. t. II. p. 165.