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GILLES DE RAIS.

ticulier, une nouvelle activité se manifesta dans la guerre. Richemont, ayant reçu de son frère le commandement des troupes bretonnes, vint mettre le siège devant Saint-Jean-de-Beuvron ; ce fut sous les murs de cette place que Gilles combattit pour la première fois pour la France.

Mais le connétable, mal servi ou par la fortune ou par la malveillance de ses ennemis privés, échoua le 6 mars 1426. Dès lors, tout l’effort de la lutte se porta sur la ligne qui s’étend d’Orléans au Mans, et du Mans à Saint-Malo, et pendant deux ans, c’est-à-dire jusqu’à l’apparition de Jeanne d’Arc, avec des alternatives fréquentes de défaites et de victoires. Durant cette longue guerre, où l’ennemi emportait chaque jour quelque nouveau lambeau de la patrie, il y eut cependant de beaux faits d’armes à l’honneur de ses défenseurs ; Gilles de Rais, en ce qui le touche, eut sa grande part de périls et de gloire. Car il faut reconnaître qu’il ne fut pas de ceux qui ne songeaient qu’à s’amuser, et qu’à cette époque il préféra le jeu des armes au jeu du plaisir. Dans la résistance, il paraît avoir été spécialement préposé à la garde du Maine et de l’Anjou ; ce fut sur leurs frontières, en effet, que pendant deux ans, il combattit chaque jour, d’abord de concert avec Richemont, puis, après la disgrâce de ce grand homme, en 1427, avec Ambroise de Loré, l’un des héros de cet âge, et de Beaumanoir, l’un des descendants du glorieux breton qui combattit à My-Voie.

Après l’échec de Saint-Jean-de-Beuvron, le connétable porta ses troupes sur La Flèche. La Hire combattait autour de Montargis, les maréchaux de Boussac et de la Fayette, sur divers points du pays d’alentour ; enfin entre La Flèche, le Mans, Sablé et Angers, Gilles de Rais, Ambroise de Loré et Beaumanoir, tantôt réunis, tantôt séparés, étaient devenus la terreur des ennemis, et surtout des « mauvais Français », que sans autre forme de justice ils envoyaient au bout d’une potence. Gilles, avec un corps de troupes levées et entretenues de ses deniers, s’était joint au sire de Beaumanoir. Dans le même temps que Richemont prenait la place de