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GILLES DE RAIS.

il n’y a point, ce semble, de famille plus dévouée à la Pucelle que la sienne, et pour qui Jeanne, par un juste retour, montre plus d’estime et d’affection. Il est du nombre de ces capitaines qui, par lettres scellées de leurs sceaux, se portent garants de la fidélité de Richemont[1] à la veille de cette immortelle journée de Patay, à laquelle Gilles prit tant de part, et dont le nom, doublement cher à tous les cœurs français, restera « perdurablement », selon l’expression de Monstrelet[2]. Il est encore avec eux et la Pucelle qui manifestent leur mécontentement pour la dureté avec laquelle le roi, ou plutôt Georges de la Trémoille dans le roi, en qui le favori a passé avec ses rancunes, repousse les services du connétable.

Au jour du sacre, où il représenta l’un des pairs de France, il reçut ce glorieux titre de maréchal[3], qui l’élevait

    chal de Rais, par lettres du 21 janvier 1429, trois jours après la campagne de la Loire, une somme de mille francs « pour aucunement récompenser des grans frais, mises et dépens, que faire lui a convenu, affin d’avoir soi naguières mis sus, et assemblé, par l’ordonnance du Roy, certaine grosse compaignée de gens d’armes et de traict, et iceulx avoir entretenus pour les employer à son service (du roi) en compaignée de la Pucelle, affin de remettre en l’obéissance dudit seigneur la ville de Jargeau que tenaient les Anglais. » Heureux Gilles de Rais, s’il n’avait employé sa fortune que pour la défense de la patrie ! (Procès, t. V. 261.)

  1. Desormeaux, Histoire de la maison de Montmorency, t. I, p. 367, 368, 369, 373, 374 ; Gruel, t. IV, p. 316. etc. ; Mémoire concernant la Pucelle, Ed. Vallet de Viriville, p. 309.
  2. Procès, Monstrelet, p. 371, 372, 373 ; Jean de Wavrin, t. IV, p. 419 et suivantes ; Chroniques de la Pucelle, t. IV, p. 238 ; Gruel, t. IV, p. 319.
  3. La journée du sacre fut remarquable pour Gilles de Rais, à raison du rôle qu’il y joua et de la charge de maréchal qu’il obtint. Désormeaux, après le P. Daniel, assure que Gilles y représenta l’un des pairs de France, et que le roi l’éleva à la dignité de comte : « Jean d’Alençon ; Charles, duc de Bourbon ; Louis de Bourbon, comte de Vendôme ; Gilles de Laval, sire de Rais ; Georges de la Trémoille, baron de Sully, et André de Laval, représentaient les six pairs laïques de France » *. Monstrelet omet Louis de Vendôme et André de Laval, et nomme Beaumanoir et Mailly (Maillé), seigneur de Touraine ; Vallet de Viriville conserve Vendôme et Laval. Mais il réunit les comtes de Clermont, pour ajouter le seigneur de Maillé ; M. Wallon enfin accepte Beaumanoir pour rejeter de Maillé. Le P. Daniel et Désormeaux ont probablement avancé que Gilles de Rais représenta l’un des six pairs laïques sur la foi d’une lettre écrite par trois gentilshommes angevins à la femme
    * P. Daniel, t. IV, p. 399.