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GILLES DE RAIS.

Rais, de la Voulte ; sans désigner également un nombre considérable d’autres terres, seigneuries, rentes et revenus.

À cette immense fortune qu’il possédait déjà par lui-même, il ajouta encore de grandes possessions par son mariage avec Catherine de Thouars : c’étaient Tiffauges, Pouzauges, Chabanais, Confolens, Châteaumorant, Savenay, Lombert, Grez-sur-Maine, avec « plusieurs autres terres fort belles et leurs dépendances[1]. »

Il avait reçu, en outre, tant de sa femme que de ses ancêtres, un mobilier des plus riches et des plus variés, composé des choses les plus rares, meubles, joyaux, tapisseries, objets d’or et d’argent : ce mobilier est évalué, par le Mémoire des Héritiers, à plus de cent mille écus d’or. Par ailleurs, les revenus de Gilles de Rais sont portés à plus de trente mille livres en vrais domaines  [2], sans tous les produits en nature qu’il tirait chaque année de ses sujets ; il recevait encore du roi, comme maréchal de France, des gages, des pensions et des dons gratuits considérables ; d’où l’on peut évaluer ses revenus annuels à quarante-cinq ou cinquante mille livres, peut-être même davantage encore. « Il avait, dit Désormeaux, des biens immenses, près de soixante mille livres de revenus ; fortune qui devait paraître d’autant plus éclatante, que l’apanage des frères des ducs de Bretagne ne montait alors qu’à six mille livres de rentes. » Si l’on tient compte de la valeur relative qu’avait l’argent à cette époque, le revenu de Gilles de Rais, selon les évaluations de M, Leber[3], s’élèverait aujourd’hui au moins à deux millions quatre cent soixante-quinze mille francs ; et, d’après les calculs établis sur les mêmes proportions, son mobilier, — en le mettant seulement à cent mille écus[4], à vingt-cinq sous

  1. Mémoire des Héritiers, fo 6, ro.
  2. Et non pas trois cent mille, comme le dit la Biographie universelle de Michaud.
  3. Essai sur l’appréciation de la fortune privée au moyen âge, par Leber. Paris ; Guillaumin, in-8o. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. I, p. 412.
  4. Mémoire des Héritiers, fo 7, ro ; fo 12, V°. Ainsi l’argent valait à peu près quarante fois moins qu’aujourd’hui ; pour tous les chiffres que nous donnerons, il faudra penser à cette proportion.