Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/16

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voit aussi toûjours en vigueur dans les contrées où se fit le premier établissement du genre humain, se perdirent à mesure qu’on s’éloigna de ce païs. Il fallut, ou les rapprendre avec le temps, ou que ceux qui les avoient conservez, les reportassent aux autres. C’est pourquoy on voit tout venir de ces terres toûjours habitées, où les fondemens des arts demeurerent en leur entier, et là mesme on apprenoit tous les jours beaucoup de choses importantes. La connoissance de Dieu et la memoire de la création s’y conserva, mais elle alloit s’affoiblissant peu à peu. Les anciennes traditions s’oublioient et s’obscurcissoient ; les fables qui leur succederent, n’en retenoient plus que de grossieres idées ; les fausses divinitez se multiplioient : et c’est ce qui donna lieu à la vocation d’Abraham.


III. Epoque.

La vocation d’Abraham.


Quatre cens vingt-six ans aprés le deluge, comme les peuples marchoient chacun en sa voye, et oublioient celuy qui les avoit faits, ce grand Dieu pour empescher le progrés d’un si grand mal, au milieu de la corruption, commença à se separer un peuple éleû. Abraham fut choisi pour estre la tige et le pere de tous les croyans. Dieu l’appella dans la terre de Chanaan où il vouloit établir son culte et les enfans de ce patriarche qu’il avoit résolu de multiplier comme les étoiles du ciel, et comme le sable de la mer. à la promesse qu’il luy fit de donner cette terre à ses descendans, il joignit