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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/17

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quelque chose de bien plus illustre ; et ce fut cette grande benediction qui devoit estre répanduë sur tous les peuples du monde en Jesus-Christ sorti de sa race. C’est ce Jesus-Christ qu’Abraham honore en la personne du grand pontife Melchisedec qui le represente ; c’est à luy qu’il paye la dixme du butin qu’il avoit gagné sur les rois vaincus ; et c’est par luy qu’il est beni. Dans des richesses immenses, et dans une puissance qui égaloit celle des rois, Abraham conserva les moeurs antiques : il mena toûjours une vie simple et pastorale, qui toutefois avoit sa magnificence que ce patriarche faisoit paroistre principalement en exerçant l’hospitalité envers tout le monde. Le ciel luy donna des hostes ; les anges luy apprirent les conseils de Dieu ; il y crut, et parut en tout plein de foy et de pieté. De son temps Inachus le plus ancien de tous les rois connus par les grecs, fonda le royaume d’Argos. Aprés Abraham, on trouve Isaac son fils, et Jacob son petit-fils, imitateurs de sa foy et de sa simplicité dans la mesme vie pastorale. Dieu leur réïtere aussi les mesmes promesses qu’il avoit faites à leur pere, et les conduit comme luy en toutes choses. Isaac benit Jacob au préjudice d’Esaü son frere aisné ; et trompé en apparence, en effet il exécute les conseils de Dieu. Jacob que Dieu protegeoit excella en tout au dessus d’Esaü. Un ange contre qui il eût un combat plein de mysteres, luy