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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/164

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Cette conduite de Dieu nous fait voir aussi que tout sort immediatement de sa main. Les peuples et les philosophes qui ont cru que la terre meslée avec l’eau, et aidée, si vous voulez, de la chaleur du soleil avoit produit d’elle-mesme par sa propre fecondité les plantes et les animaux, se sont trop grossiérement trompez. L’ecriture nous a fait entendre que les elemens sont steriles, si la parole de Dieu ne les rend feconds. Ni la terre, ni l’eau, ni l’air n’auroient jamais eû les plantes ni les animaux que nous y voyons, si Dieu qui en avoit fait et préparé la matiere, ne l’avoit encore formée par sa volonté toute-puissante, et n’avoit donné à chaque chose les semences propres pour se multiplier dans tous les siécles.

Ceux qui voyent les plantes prendre leur naissance et leur accroissement par la chaleur du soleil, pourroient croire qu’il en est le créateur. Mais l’ecriture nous fait voir la terre revestuë d’herbes et de toute sorte de plantes avant que le soleil ait esté créé, afin que nous concevions que tout dépend de Dieu seul. Il a plû à ce grand ouvrier de créer la lumiere, avant mesme que de la réduire à la forme qu’il luy a donnée dans le soleil et dans les astres, parce qu’il vouloit nous apprendre que ces grands et magnifiques luminaires dont on nous a voulu faire des divinitez, n’avoient par eux-mesmes ni la matiere précieuse et éclatante