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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/173

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avant que Dieu parle. Ses malheureuses excuses achevent de le confondre. Il faut qu’il meure : le remede d’immortalité luy est osté ; et une mort plus affreuse, qui est celle de l’ame, luy est figurée par cette mort corporelle à laquelle il est condamné. Mais voicy nostre sentence prononcée dans la sienne. Dieu qui avoit résolu de récompenser son obéïssance dans toute sa posterité, aussitost qu’il s’est révolté le condamne, et le frape, non seulement en sa personne, mais encore dans tous ses enfans comme dans la plus vive et la plus chere partie de luy-mesme : nous sommes tous maudits dans nostre principe ; nostre naissance est gastée et infectée dans sa source. N’examinons point icy ces regles terribles de la justice divine, par lesquelles la race humaine est maudite dans son origine. Adorons les jugemens de Dieu, qui regarde tous les hommes comme un seul homme dans celuy dont il veut tous les faire sortir. Regardons-nous aussi comme dégradez dans nostre pere rebelle, comme flestris à jamais par la sentence qui le condamne, comme bannis avec luy, et exclus du paradis où il devoit nous faire naistre.

Les regles de la justice humaine nous peuvent aider à entrer dans les profondeurs de la justice divine dont elles sont une ombre : mais elles ne peuvent pas nous découvrir le fond de cét abisme. Croyons que la justice aussi-bien que