Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/174

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la misericorde de Dieu ne veulent pas estre mesurées sur celles des hommes, et qu’elles ont toutes deux des effets bien plus étendus et bien plus intimes. Mais pendant que les rigueurs de Dieu sur le genre humain nous épouvantent, admirons comme il tourne nos yeux à un objet plus agreable. Sous la figure du serpent dont le rampement tortueux estoit une vive image des dangereuses insinuations et des détours fallacieux de l’esprit malin, Dieu fait voir à Eve nostre mere son ennemi vaincu, et luy montre cette semence benite par laquelle son vainqueur devoit avoir la teste écrasée , c’est à dire devoit voir son orgueïl dompté, et son empire abbatu par toute la terre.

Cette semence benite estoit Jesus-Christ fils d’une Vierge, ce Jesus-Christ en qui seul Adam n’avoit point peché, parce qu’il devoit sortir d’Adam d’une maniere divine, conceû non de l’homme, mais du Saint Esprit.

Mais avant que de nous donner le sauveur, il falloit que le genre humain connust par une longue experience le besoin qu’il avoit d’un tel secours. L’homme fut donc laissé à luy-mesme, ses inclinations se corrompirent, ses débordemens allerent à l’excés, et l’iniquité couvrit toute la face de la terre.

Alors Dieu medita une vengeance dont il voulut que le souvenir ne s’éteignist jamais parmi