Aller au contenu

Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les hommes : c’est celle du deluge universel dont en effet la memoire dure encore dans toutes les nations, aussi-bien que celle des crimes qui l’ont attiré.

Que les hommes ne pensent plus que le monde va tout seul, et que ce qui a esté sera toûjours comme de luy-mesme. Dieu qui a tout fait, et par qui tout subsiste, va noyer tous les animaux avec tous les hommes, c’est à dire qu’il va détruire la plus belle partie de son ouvrage. Il n’avoit besoin que de luy-mesme pour détruire ce qu’il avoit fait d’une parole : mais il trouve plus digne de luy de faire servir ses creatures d’instrument à sa vengeance, et il appelle les eaux pour ravager la terre couverte de crimes. Il s’y trouva pourtant un homme juste. Dieu, avant que de le sauver du deluge des eaux, l’avoit préservé par sa grace du deluge de l’iniquité. Sa famille fut réservée pour repeupler la terre qui n’alloit plus estre qu’une immense solitude. Par les soins de cét homme juste, Dieu sauve les animaux, afin que l’homme entende qu’ils sont faits pour luy, et soumis à son empire par leur createur.

Le monde se renouvelle, et la terre sort encore une fois du sein des eaux : mais dans ce renouvellement, il demeure une impression éternelle de la vengeance divine. Jusqu’au deluge toute la nature estoit plus forte et plus vigoureuse :