Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/276

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nous couvrons nostre face devant Dieu avec les chérubins que vit Isaïe, et nous adorons avec eux celuy qui est trois fois saint. C’estoit au fils unique qui estoit dans le sein du pere , et qui sans en sortir venoit à nous ; c’estoit à luy à nous découvrir pleinement ces admirables secrets de la nature divine que Moïse et les prophetes n’avoient qu’effleurez. C’estoit à luy à nous faire entendre d’où vient que le messie promis comme un homme qui devoit sauver les autres hommes, estoit en mesme temps montré comme Dieu en nombre singulier, et absolument à la maniere dont le créateur nous est désigné : et c’est aussi ce qu’il a fait, en nous enseignant que, quoy-que fils d’Abraham, il estoit devant qu’Abraham fust fait ; qu’il est descendu du ciel, et toutefois qu’il est au ciel ; qu’il est Dieu, fils de Dieu, et tout ensemble homme, fils de l’homme ; le vray Emanuël ; Dieu avec nous ; en un mot le verbe fait chair, unissant en sa personne la nature humaine avec la divine, afin de réconcilier toutes choses en luy-mesme. Ainsi nous sont révelez les deux principaux mysteres, celuy de la trinité, et celuy de l’incarnation. Mais celuy qui nous les a révelez, nous en fait trouver l’image en nous-mesmes, afin qu’ils nous soient toûjours presens, et que nous reconnoissions la dignité de nostre nature.

En effet, si nous imposons silence à nos sens, et que nous nous renfermions pour un peu de