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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/281

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luy-mesme cette merveilleuse image des choses divines, que saint Augustin et les autres peres ont crû si certaine. Les sens nous gouvernent trop, et nostre imagination qui se veut mesler dans toutes nos pensées, ne nous permet pas toûjours de nous arrester sur une lumiere si pure. Nous ne nous connoissons pas nous-mesmes ; nous ignorons les richesses que nous portons dans le fond de nostre nature ; et il n’y a que les yeux les plus épurez qui les puissent appercevoir. Mais si peu que nous entrions dans ce secret, et que nous sçachions remarquer en nous l’image des deux mysteres qui font le fondement de nostre foy, c’en est assez pour nous élever au dessus de tout, et rien de mortel ne nous pourra plus toucher. Aussi Jesus-Christ nous appelle-t-il à une gloire immortelle, et c’est le fruit de la foy que nous avons pour les mysteres.

Ce dieu-homme, cette verité et cette sagesse incarnée qui nous fait croire de si grandes choses sur sa seule autorité, nous en promet dans l’eternité la claire et bienheureuse vision, comme la récompense certaine de nostre foy. De cette sorte, la mission de Jesus-Christ est relevée infiniment au dessus de celle de Moïse. Moïse estoit envoyé pour réveiller par des récompenses temporelles les hommes sensuels et abrutis. Puis qu’ils estoient devenus tout corps et tout chair, il les falloit d’abord prendre par