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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/294

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majesté d’un dieu éternel, ni aux esperances de l’homme à qui il a fait connoistre son éternité ; et cette immuable fidelité qu’il garde à ses serviteurs, n’aura jamais un objet qui luy soit proportionné, jusqu’à ce qu’elle s’étende à quelque chose d’immortel et de permanent. Il falloit donc qu’à la fin Jesus-Christ nous ouvrist les cieux pour y découvrir à nostre foy cette cité permanente où nous devons estre recueïllis aprés cette vie. Il nous fait voir que si Dieu prend pour son titre éternel, le nom de Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, c’est à cause que ces saints hommes sont toûjours vivans devant luy. Dieu n’est pas le dieu des morts : il n’est pas digne de luy de ne faire comme les hommes, qu’accompagner ses amis jusqu’au tombeau, sans leur laisser au-delà aucune esperance ; et ce luy seroit une honte de se dire avec tant de force le Dieu d’Abraham, s’il n’avoit fondé dans le ciel une cité éternelle où Abraham et ses enfans pussent vivre heureux.

C’est ainsi que les veritez de la vie future nous sont développées par Jesus-Christ. Il nous les montre, mesme dans la loy. La vraye terre promise, c’est le royaume celeste. C’est aprés cette bienheureuse patrie que soupiroient Abraham, Isaac et Jacob : la Palestine ne meritoit pas de terminer tous leurs voeux, ni d’estre le seul objet d’une si longue attente de nos peres.