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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/322

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mesmes extrémitez, les mesmes voyes de salut ouvertes, la mesme séduction, le mesme endurcissement, la mesme chute ; et afin que tout soit semblable, le second temple est bruslé sous Tite le mesme mois et le mesme jour que l’avoit esté le premier sous Nabuchodonosor : il falloit que tout fust marqué, et que le peuple ne pust douter de la vengeance divine. Il y a pourtant entre ces deux chutes de Jérusalem et des juifs de memorables differences, mais qui toutes vont à faire voir dans la derniere une justice plus rigoureuse et plus déclarée. Nabuchodonosor fit mettre le feu dans le temple : Tite n’oublia rien pour le sauver, quoy-que ses conseillers luy representassent que tant qu’il subsisteroit, les juifs qui y attachoient leur destinée, ne cesseroient jamais d’estre rebelles. Mais le jour fatal estoit venu : c’estoit le dixiéme d’aoust qui avoit déja veû brusler le temple de Salomon. Malgré les défenses de Tite prononcées devant les romains et devant les juifs, et malgré l’inclination naturelle des soldats qui devoit les porter plûtost à piller qu’à consumer tant de richesses, un soldat, poussé, dit Josephe, par une inspiration divine , se fait lever par ses compagnons à une fenestre, et met le feu dans ce temple auguste. Tite accourt, Tite commande qu’on se haste d’éteindre la flame naissante. Elle prend par tout en un instant, et cét admirable édifice est réduit en cendres.