Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/368

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et ont posé pour maxime qu’en matiere de religion, il falloit suivre le peuple : le peuple qu’ils méprisoient tant, a esté leur regle dans la matiere la plus importante de toutes, et où leurs lumieres sembloient le plus necessaires. Qu’as-tu donc servi, ô philosophie ? Etc. C’est ainsi que Dieu a fait voir par experience, que la ruine de l’idolatrie ne pouvoit pas estre l’ouvrage du seul raisonnement humain. Loin de luy commettre la guerison d’une telle maladie, Dieu a achevé de le confondre par le mystere de la croix, et tout ensemble il a porté le remede jusqu’à la source du mal. L’idolatrie, si nous l’entendons, prenoit sa naissance de ce profond attachement que nous avons à nous-mesmes. C’est ce qui nous avoit fait inventer des dieux semblables à nous ; des dieux qui en effet n’estoient que des hommes sujets à nos passions, à nos foiblesses, et à nos vices : de sorte que sous le nom des fausses divinitez, c’estoit en effet leurs propres pensées, leurs plaisirs et leurs fantaisies que les gentils adoroient.

Jesus-Christ nous fait entrer dans d’autres voyes. Sa pauvreté, ses ignominies et sa croix le rendent un objet horrible à nos sens. Il faut sortir de soy-mesme, renoncer à tout, tout crucifier