Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/374

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ressort qui donne le mouvement aux choses humaines ? Dans ce grand décri de l’idolatrie que commençoient à causer dans toute l’Asie les prédications de Saint Paul, les ouvriers qui gagnoient leur vie en faisant de petits temples d’argent de la Diane d’Ephese s’assemblerent, et le plus accredité d’entre eux leur representa que leur gain alloit cesser : etc.

Que l’interest est puissant, et qu’il est hardi quand il peut se couvrir du prétexte de la religion ! Il n’en fallut pas davantage pour émouvoir ces ouvriers. Ils sortirent tous ensemble criant comme des furieux, la grande Diane des ephesiens, et traisnant les compagnons de Saint Paul au theatre, où toute la ville s’estoit assemblée. Alors les cris redoublerent, et durant deux heures la place publique retentissoit de ces mots, la grande Diane des ephesiens . Saint Paul et ses compagnons furent à peine arrachez des mains du peuple par les magistrats qui craignirent qu’il n’arrivast de plus grands desordres dans ce tumulte. Joignez à l’interest des particuliers l’interest des prestres qui alloient tomber avec leurs dieux ; joignez à tout cela l’interest des villes que la fausse religion rendoit illustres, comme la ville d’Ephese