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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/376

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contre la personne des empereurs, il ne se soit jamais trouvé un seul chrestien ni bon ni mauvais ? Les chrestiens défient leurs plus grands ennemis d’en nommer un seul ; il n’y en eût jamais aucun : tant la doctrine chrestienne inspiroit de venération pour la puissance publique ; et tant fut profonde l’impression que fit dans tous les esprits cette parole du fils de Dieu, rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu .

Cette belle distinction porta dans les esprits une lumiere si claire, que jamais les chrestiens ne cesserent de respecter l’image de Dieu dans les princes persecuteurs de la verité. Ce caractere de soumission reluit tellement dans toutes leurs apologies, qu’elles inspirent encore aujourd’huy à ceux qui les lisent l’amour de l’ordre public, et fait voir qu’ils n’attendoient que de Dieu l’établissement du christianisme. Des hommes si déterminez à la mort qui remplissoient tout l’empire et toutes les armées, ne se sont pas échapez une seule fois durant tant de siecles de souffrance ; ils se défendoient à eux-mesmes, non seulement les actions séditieuses, mais encore les murmures. Le doigt de Dieu estoit dans cette oeuvre, et nulle autre main que la sienne n’eust pû retenir des esprits poussez à bout par tant d’injustices.

A la verité il leur estoit dur d’estre traitez d’ennemis publics, et d’ennemis des empereurs,