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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/377

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eux qui ne respiroient que l’obéïssance, et dont les voeux les plus ardens avoient pour objet le salut des princes et le bonheur de l’estat. Mais la politique romaine se croyoit attaquée dans ses fondemens, quand on méprisoit ses dieux. Rome se vantoit d’estre une ville sainte par sa fondation, consacrée dés son origine par des auspices divins, et dédiée par son auteur au dieu de la guerre. Peu s’en faut qu’elle ne crust Jupiter plus present dans le capitole que dans le ciel. Elle croyoit devoir ses victoires à sa religion. C’est par là qu’elle avoit dompté et les nations et leurs dieux, car on raisonnoit ainsi en ce temps : de sorte que les dieux romains devoient estre les maistres des autres dieux, comme les romains estoient les maistres des autres hommes. Rome en subjugant la Judée avoit compté le dieu des juifs parmi les dieux qu’elle avoit vaincus : le vouloir faire regner, c’estoit renverser les fondemens de l’empire ; c’estoit haïr les victoires et la puissance du peuple romain. Ainsi les chrestiens ennemis des dieux, estoient regardez en mesme temps comme ennemis de la république. Les empereurs prenoient plus de soin de les exterminer que d’exterminer les parthes, les marcomans et les daces : le christianisme abbatu paroissoit dans leurs inscriptions avec autant de pompe que les sarmates défaits. Mais ils se vantoient à tort d’avoir détruit une religion qui s’accroissoit sous le fer et dans le feu.