à en rendre toute l’élegance ou toute la force dans la derniere rigueur ? N’est-ce pas plustost une preuve de la plus grande antiquité ? Et si on veut s’attacher aux petites choses, qu’on me dise si de tant d’endroits où il y a de l’embarras, on en a rétabli un seul par raisonnement ou par conjecture. On a suivi la foy des exemplaires ; et comme la tradition n’a jamais permis que la saine doctrine pust estre alterée, on a cru que les autres fautes, s’il y en restoit, ne serviroient qu’à prouver qu’on n’a rien icy innové par son propre esprit.
Mais enfin, et voicy le fort de l’objection : n’y-a-t-il pas des choses ajoustées dans le texte de Moïse, et d’où vient qu’on trouve sa mort à la fin du livre qu’on luy attribuë ? Quelle merveille que ceux qui ont continué son histoire ayent ajousté sa fin bienheureuse au reste de ses actions, afin de faire du tout un mesme corps ? Pour les autres additions, voyons ce que c’est. Est-ce quelque loy nouvelle, ou quelque nouvelle céremonie, quelque dogme, quelque miracle, quelque prédiction ? On n’y songe seulement pas : il n’y en a pas le moindre soupçon, ni le moindre indice : c’eust esté ajouster à l’oeuvre de Dieu : la loy l’avoit défendu, et le scandale qu’on eust causé eust esté horrible. Quoy donc, on aura continué peut-estre une génealogie commencée ; on aura peut-estre expliqué un nom de ville changé par le temps ; à l’occasion