Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/441

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les hommes et les nations ont eû des qualitez proportionnées à l’élevation à laquelle ils estoient destinez ; et qu’à la réserve de certains coups extraordinaires où Dieu vouloit que sa main parust toute seule, il n’est point arrivé de grands changemens qui n’ait eû ses causes dans les siecles précedens.

Et comme dans toutes les affaires il y a ce qui les prépare, ce qui détermine à les entreprendre, et ce qui les fait réüssir : la vraye science de l’histoire est de remarquer dans chaque temps ces secretes dispositions qui ont préparé les grands changemens et les conjonctures importantes qui les ont fait arriver. En effet, il ne suffit pas de regarder seulement devant ses yeux, c’est à dire, de considerer ces grands évenemens qui décident tout à coup de la fortune des empires. Qui veut entendre à fond les choses humaines, doit les reprendre de plus haut ; et il luy faut observer les inclinations et les moeurs, ou, pour dire tout en un mot, le caractere, tant des peuples dominans en général que des princes en particulier, et enfin de tous les hommes extraordinaires, qui par l’importance du personnage qu’ils ont eû à faire dans le monde, ont contribué, en bien ou en mal, au changement des estats et à la fortune publique.

J’ay tasché de vous préparer à ces importantes réflexions dans la premiere partie de ce discours ;