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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/450

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de loûanges que celles qu’on s’attiroit par son merite.

Chacun sçait combien curieusement les egyptiens conservoient les corps morts. Leurs momies se voyent encore. Ainsi leur reconnoissance envers leurs parens estoit immortelle : les enfans, en voyant les corps de leurs ancestres, se souvenoient de leurs vertus que le public avoit reconnuës, et s’excitoient à aimer les loix qu’ils leur avoient laissées.

Pour empescher les emprunts, d’où naissent la fainéantise, les fraudes et la chicane, l’ordonnance du roy Asychis ne permettoit d’emprunter qu’à condition d’engager le corps de son pere à celuy dont on empruntoit. C’estoit une impieté et une infamie tout ensemble de ne pas retirer assez promptement un gage si précieux ; et celuy qui mouroit sans s’estre aquité de ce devoir, estoit privé de la sepulture. Le royaume estoit héreditaire ; mais les rois estoient obligez plus que tous les autres à vivre selon les loix. Ils en avoient de particulieres qu’un roy avoit digerées, et qui faisoient une partie des livres sacrez. Ce n’est pas qu’on disputast rien aux rois, ou que personne eust droit de les contraindre ; au contraire, on les respectoit comme des dieux : mais c’est qu’une coustume ancienne avoit tout reglé, et qu’ils ne s’avisoient pas de vivre autrement que leurs ancestres. Ainsi ils souffroient sans peine non seulement que la