longues galeries y étaloient des sculptures que la Grece prenoit pour modeles. Thebes le pouvoit disputer aux plus belles villes de l’univers. Ses cent portes chantées par Homere sont connuës de tout le monde. Elle n’estoit pas moins peuplée qu’elle estoit vaste, et on a dit qu’elle pouvoit faire sortir ensemble dix mille combatans par chacune de ses portes. Qu’il y ait si l’on veut de l’exageration dans ce nombre, toûjours est-il asseûré que son peuple estoit innombrable. Les grecs et les romains ont célebré sa magnificence et sa grandeur, encore qu’ils n’en eussent veû que les ruines : tant les restes en estoient augustes.
Si nos voyageurs avoient penetré jusqu’au lieu où cette ville estoit bastie, ils auroient sans doute encore trouvé quelque chose d’incomparable dans ses ruines : car les ouvrages des egyptiens estoient faits pour tenir contre le temps. Leurs statuës estoient des colosses. Leurs colonnes estoient immenses. L’Egypte visoit au grand, et vouloit fraper les yeux de loin, mais toûjours en les contentant par la justesse des proportions. On a découvert dans le Sayd (vous sçavez bien que c’est le nom de la Thebaïde) des temples et des palais presque encore entiers où ces colonnes et ces statuës sont innombrables. On y admire sur tout un palais dont les restes semblent n’avoir subsisté que pour effacer la gloire de tous les plus grands ouvrages. Quatre allées