Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/503

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par consequent mieux connoistre que tous les autres empires. Vous entendez bien, monseigneur, que je parle de l’empire romain. Vous en avez veû la longue et mémorable histoire dans toute sa suite. Mais pour entendre parfaitement les causes de l’élevation de Rome, et celles des grands changemens qui sont arrivez dans son estat : considerez attentivement avec les moeurs des romains les temps d’où dépendent tous les mouvemens de ce vaste empire. De tous les peuples du monde le plus fier et le plus hardi, mais tout ensemble le plus reglé dans ses conseils, le plus constant dans ses maximes, le plus avisé, le plus laborieux, et enfin le plus patient, a esté le peuple romain. De tout cela s’est formée la meilleure milice et la politique la plus prévoyante, la plus ferme, et la plus suivie qui fut jamais. Le fond d’un romain, pour ainsi parler, estoit l’amour de sa liberté et de sa patrie. Une de ces choses luy faisoit aimer l’autre : car parce qu’il aimoit sa liberté, il aimoit aussi sa patrie comme une mere qui le nourrissoit dans des sentimens également généreux et libres. Sous ce nom de liberté, les romains se figuroient avec les grecs un estat où personne ne fust sujet que de la loy, et où la loy fust plus puissante que les hommes.

Au reste, quoy-que Rome fust née sous un