Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/535

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centre de la mer Méditerranée ils embrassoient toute l’étenduë de cette mer, penetrant au long et au large tous les estats d’alentour, et la tenant entre deux pour faire la communication de leur empire. On est encore effrayé quand on considere que les nations qui font à present des royaumes si redoutables, toutes les Gaules, toutes les Espagnes, la grande Bretagne presque toute entiere, l’Illyrique jusqu’au Danube, la Germanie jusqu’à l’Elbe, l’Afrique jusqu’à ses deserts affreux et impenetrables, la Grece, la Thrace, la Syrie, l’égypte, tous les royaumes de l’Asie Mineure, et ceux qui sont enfermez entre le Pont-Euxin et la mer Caspie, et les autres que j’oublie peut-estre, ou que je ne veux pas rapporter, n’ont esté durant plusieurs siecles que des provinces romaines. Tous les peuples de nostre monde jusqu’aux plus barbares, ont respecté leur puissance, et les romains y ont établi presque par tout avec leur empire les loix et la politesse.

C’est une espece de prodige, que dans un si vaste empire qui embrassoit tant de nations et tant de royaumes, les peuples ayent esté si obéïssans et les révoltes si rares. La politique romaine y avoit pourveû par divers moyens qu’il faut vous expliquer en peu de mots.

Les colonies romaines établies de tous costez dans l’empire, faisoient deux effets admirables : l’un, de décharger la ville d’un grand nombre de