Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/536

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citoyens, et la pluspart pauvres ; l’autre, de garder les postes principaux, et d’accoustumer peu à peu les peuples étrangers aux moeurs romaines. Ces colonies qui portoient avec elles leurs privileges, demeuroient toûjours attachées au corps de la république, et peuploient tout l’empire de romains.

Mais outre les colonies, un grand nombre de villes obtenoient pour leurs citoyens le droit de citoyens romains ; et unies par leur interest au peuple dominant, elles tenoient dans le devoir les villes voisines.

Il arriva à la fin que tous les sujets de l’empire se crurent romains. Les honneurs du peuple victorieux peu à peu se communiquerent aux peuples vaincus : le senat leur fut ouvert, et ils pouvoient aspirer jusqu’à l’empire. Ainsi, par la clemence romaine, toutes les nations n’estoient plus qu’une seule nation, et Rome fut regardée comme la commune patrie. Quelle facilité n’apportoit pas à la navigation et au commerce cette merveilleuse union de tous les peuples du monde sous un mesme empire ? La societé romaine embrassoit tout ; et à la réserve de quelques frontieres inquietées quelquefois par les voisins, tout le reste de l’univers joûïssoit d’une paix profonde. Ni la Grece, ni l’Asie Mineure, ni la Syrie, ni l’égypte, ni enfin la pluspart des autres provinces n’ont jamais esté sans guerre que sous l’empire romain ;