Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/537

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et il est aisé d’entendre qu’un commerce si agreable des nations servoit à maintenir dans tout le corps de l’empire la concorde et l’obéïssance. Les legions distribuées pour la garde des frontieres, en défendant le dehors, affermissoient le dedans. Ce n’estoit pas la coustume des romains d’avoir des citadelles dans leurs places, ni de fortifier leurs frontieres ; et je ne voy gueres commencer ce soin que sous Valentinien I. Auparavant on mettoit la force et la seûreté de l’empire uniquement dans les troupes qu’on disposoit de maniere qu’elles se prestoient la main les unes les autres. Au reste comme l’ordre estoit qu’elles campassent toûjours, les villes n’en estoient point incommodées ; et la discipline ne permettoit pas aux soldats de se répandre dans la campagne. Ainsi les armées romaines ne troubloient ni le commerce ni le labourage. Elles faisoient dans leur camp comme une espece de villes qui ne differoient des autres que parce que les travaux y estoient continuels, la discipline plus severe, et le commandement plus ferme. Elles estoient toûjours prestes pour le moindre mouvement ; et c’estoit assez pour tenir les peuples dans le devoir, que de leur montrer seulement dans le voisinage cette milice invincible. Mais rien ne maintenoit tant la paix de l’empire, que l’ordre de la justice. L’ancienne république l’avoit établi : les empereurs et les sages