Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/538

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l’ont expliqué sur les mesmes fondemens : tous les peuples, jusqu’aux plus barbares, le regardoient avec admiration ; et c’est par là principalement que les romains estoient jugez dignes d’estre les maistres du monde. Au reste, si les loix romaines ont paru si saintes, que leur majesté subsiste encore malgré la ruine de l’empire : c’est que le bon sens, qui est le maistre de la vie humaine, y regne par tout, et qu’on ne voit nulle part une plus belle application des principes de l’équité naturelle.

Malgré cette grandeur du nom romain, malgré la politique profonde, et toutes les belles institutions de cette fameuse république, elle portoit en son sein la cause de sa ruine dans la jalousie perpetuelle du peuple contre le senat, ou plustost des plebeïens contre les patriciens. Romulus avoit établi cette distinction. Il falloit bien que les rois eussent des gens distinguez qu’ils attachassent à leur personne par des liens particuliers, et par lesquels ils gouvernassent le reste du peuple. C’est pour cela que Romulus choisit les peres dont il forma le corps du senat. On les appelloit ainsi, à cause de leur dignité et de leur âge ; et c’est d’eux que sont sorties dans la suite les familles patriciennes. Au reste, quelque autorité que Romulus eust réservée au peuple, il avoit mis les plebeïens en plusieurs manieres dans la dépendance des patriciens ; et cette subordination necessaire à la royauté avoit esté