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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/547

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choses en viennent si avant, que chacun de ces deux peuples jaloux croit ne pouvoir subsister que par la ruine de l’autre.

Rome preste à succomber se soustient principalement durant ses malheurs par la constance et par la sagesse du senat.

à la fin la patience romaine l’emporte : Annibal est vaincu, et Carthage subjuguée par Scipion l’africain.

Rome victorieuse s’étend prodigieusement durant deux cens ans par mer et par terre, et réduit tout l’univers sous sa puissance. En ces temps et depuis la ruine de Carthage, les charges dont la dignité aussi-bien que le profit s’augmentoit avec l’empire, furent briguées avec fureur. Les prétendans ambitieux ne songerent qu’à flater le peuple, et la concorde des ordres entretenuë par l’occupation des guerres puniques se troubla plus que jamais. Les Gracques mirent tout en confusion, et leurs seditieuses propositions furent le commencement de toutes les guerres civiles.

Alors on commença à porter des armes, et à agir par la force ouverte dans les assemblées du peuple romain, où chacun auparavant vouloit l’emporter par les seules voyes legitimes, et avec la liberté des opinions.

La sage conduite du senat et les grandes guerres survenuës modererent les brouïlleries. Marius Plebeïen, grand homme de guerre,